C’est en 1912 que débuta la construction de la caserne LAMY pour y loger les chasseurs notamment le 9ème BCP (bataillon des chasseurs à pied). Le gros œuvre fut confié à l’entreprise TARTARY qui construisit une passerelle sur la Crusnes afin d’y faire passer une voie ferrée de petit gabarit destinée à permettre le transport des matériaux depuis la gare de Longuyon jusqu’au chantier. Cette passerelle existe toujours, c’est un pont moderne fabriqué dans une usine du bassin de Longwy (SOCOMO – SOCOTUB) et installé voici une vingtaine d’années. Une petite locomotive à vapeur tractait les wagonnets et bien des photos d’époque la représentent, c’était une curiosité et les Allemands s’en saisirent dès leur arrivée à Longuyon après le 24 août 1914, alors que la caserne n’était toujours pas terminée.

Cette construction était très moderne. Loin de là, les bâtiments à plusieurs étages où s’entassaient les troupiers. Au contraire, l’ensemble était constitué d’un certain nombre de bâtiments de plain-pied, et dans chacun d’eux logeait une section de soldats avec chambres, douches et le réfectoire faisant également office de salle d’instruction. Sur place, on y trouvait évidemment un bâtiment administratif et un poste de garde, l’ensemble était clôturé par un mur d’enceinte. Au fond s’élevaient les écuries. Actuellement, c’est la salle des fêtes BRASSENS en principal, plus quelques annexes (moto-club, aviculteurs...) qui ont été installés à la place de ces écuries où chaque officier, à l’époque, disposait d’un cheval principalement pour les défilés. On y trouvait aussi, un peu à l’écart, la prison pour soldats récalcitrants.

Après la grande guerre, la caserne prit le nom de LAMY, explorateur français (1858-1900) qui a donné son nom à N’DJAMENA, antérieurement FORT LAMY.

Entre les deux guerres, le secteur s’enrichit d’un bloc hôpital au moment de la construction de la ligne MAGINOT à partir de 1930-1931. En outre, une seconde caserne prit naissance en parallèle de LAMY pour y loger des gardes républicains chargés de faire respecter la discipline à Longuyon car la région regorgeait de troupes qui envahissaient la ville en fin de semaine. Fermont comptant 600 hommes, Latiremont également 600 environ, Bréhain, le 3ème gros ouvrage du secteur fortifié de la Crusnes, 400, sans oublier le 149ème RIF (Régiment d’infanterie de forteresse) qui occupait désormais LAMY avec quelque 1500 hommes qui devaient prendre possession des ouvrages d’intervalles entre les blocs de combat. Ne dit-on pas qu’il y avait à Longuyon 55 débits de boisson à telle enseigne que la rue de Metz n’était qu’une succession de cafés plus ou moins restaurants.

La guerre de 39-45 passa sur Longuyon et tous les bâtiments étaient vides sauf peut-être la caserne des gardes appelée ARDANT DU PICQ du nom d’un écrivain militaire fort lu pendant la grande guerre (vécut de 1821 à 1870).

A la libération des camps de prisonniers en avril-mai 1945, la caserne rouvrit ses portes pour accueillir les soldats qui y étaient démobilisés et regagnaient leur foyer avec un petit pécule.

Puis plus tard, en 1965, l’autorité militaire proposa la caserne à la ville de Longuyon qui en fit l’acquisition pour un franc symbolique. Après démolition des bâtiments ( il n’en reste qu’un seul devenu Foyer des Anciens) et du bloc hôpital, s’élevèrent les CES Lebrun (désaffecté depuis) et Verlaine, la salle des sports, la piscine Tournesol, les tennis avec en outre un terrain de foot sans oublier la fabrique de peinture HENRION (SLPV).

Lors de la démolition des bâtiments, il fallut déplacer le monument aux morts rappelant les sacrifices des hommes du 9ème BCP et du 18ème BCP en 1914 et qui s’élevait au milieu de la cour d’honneur de la caserne. Le maire, Robert DRAPIER fit donc transporter cette sculpture en haut du cimetière Ste Agathe au carré des militaires et cela donna lieu à une cérémonie avec messe, défilé, etc..

A la fin du service religieux, le maire accompagné de Roland PIERRET et de moi-même, quitta la messe dans le but de monter en haut du cimetière pour y accueillir le sous-préfet. Robert DRAPIER me demanda de rester sur place au cas où celui-ci se présenterait devant l’église. L’adjudant –chef ANDRE de la gendarmerie restait également à mes côtés.

Brusquement, arriva une voiture noire de laquelle sortit notre sous-préfet de Briey, sa cape virevoltant autour de ses épaules. «  DRAPIER n’est pas là ?»  S’enquit-il. Je répondis que la cérémonie avait lieu en haut du cimetière avec notamment une compagnie de militaires et la musique de 15.1 de Metz.

Le sous-préfet fouilla dans ses poches et en sortit l’invitation qu’il parcourut rapidement et vérifia ainsi le lieu de rendez-vous. Irrité par cette méprise, il invectiva alors le brave adjudant-chef ANDRE, au garde à vous et tout à fait ébahi.

«  Quand un sous-préfet vient dans votre circonscription prévoyez un service d’ordre. Je suis tombé dans une sortie de tiercé et c’est inadmissible »

Le sous-préfet s’engouffra dans sa voiture et démarra sur les chapeaux de roue pour filer vers le haut du cimetière.

Fort dynamique, on l’a vu, notre sous-préfet de Briey devint quelque temps après « patron » de la Protection civile avec le grade de préfet, évidemment.

A noter que, toujours au moment de la construction de la ligne Maginot, un certain nombre de maisons furent édifiées, le long de la route d’Etain (à ce jour Avenue de la Libération) pour loger les officiers et sous-officiers du 149. Ce sont aujourd’hui des propriétés privées.

Telles furent les évolutions de notre cité notamment de 1912 à 1965. Tout a bien changé et nos grands-pères ne s’y retrouveraient pas. Mais la vie continue et tout cela n’est plus qu’une page d’histoire quelconque.

Roger THOUVENIN, Aout 2011